Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a salué vendredi, lors d’une intervention télévisée sur la chaîne al-Manar à l’occasion de la commémoration de la fin de la guerre de juillet 2006, “les martyrs qui sont tombés, les blessés, les familles qui ont résisté, les braves combattants, tous les leaders politiques qui ont participé à cette victoire” ainsi que la Syrie et l’Iran.
“Le but en 2006 était d’éradiquer la résistance au Liban et non seulement de lui retirer ses armes, mais aussi de faire tomber le régime en Syrie et de porter un coup à la cause palestinienne”, a estimé Hassan Nasrallah, ajoutant que cette guerre s’inscrivait dans le cadre d’un “feuilleton de plusieurs épisodes écrit par Israël et les États-Unis pour la région”. Le but de ces deux pays était, selon lui, de garantir la sécurité de l’État hébreu et de mettre la main sur les puits de pétrole dans la région. Et de poursuivre : “La victoire de la résistance sur le terrain, la résistance populaire et la résistance politique au Liban en 2006 ont fait échouer ce plan dessiné pour la région”.
Selon Hassan Nasrallah, la lignée des États-Unis, d’Israël et de leurs complices n’a pas changé. Il a néanmoins assuré que “la résistance qui a pu faire face à ce plan et à le faire échouer est capable de faire face à tous les dangers et à tout autre complot visant notre région.”
Une nouvelle carte pour la région
Le chef du Hezbollah a dans ce cadre estimé qu’il est important de prendre conscience du danger qui menace la région. “Un danger existentiel menace le Liban et la région, a-t-il martelé. Le but est de créer une nouvelle carte construite sur les restes de pays et de peuples et de nous mener tous vers une catastrophe”. Il a dans ce cadre appelé les Libanais à “mettre leurs divergences de côté et à réaliser que nous faisons face à un véritable et grand danger”.
D’après le chef du parti chiite, les principales composantes de cette nouvelle lignée sont les Israéliens et le courant takfiriste représenté aujourd’hui par l’Etat islamique ou Daech. “Daech est devenu aujourd’hui un État qui contrôle une aire géographique assez vaste et qui a une base dans plusieurs pays arabes”, a-t-il souligné. “Les exactions qui ont été commises par Daech contre toutes les confessions, dont des sunnites notamment lors de la dernière offensive contre les kurdes en Irak, prouvent que ce groupe veut par la forces des armes imposer un mode de vie basé sur la terreur et qui n’a rien à voir avec l’islam”, a-t-il martelé.
Selon Hassan Nasrallah, les États-Unis et Israël tirent profit des actions de ce groupe dans la région et lui ont facilité sa tâche. “Face à cette réalité, je vous appelle à ne pas présenter cette guerre comme étant une guerre confessionnelle, ce n’est pas le cas, car Daech veut éliminer tout le monde : sunnites, chiites, chrétiens, kurdes et yazidis”, a-t-il déclaré.
S’adressant aux Libanais, Nasrallah a demandé : “Pensez-vous vraiment que si le Hezbollah retirait ses combattants de Syrie, la menace de Daech n’existerait plus?”. Et de poursuivre : “Je vous appelle à mener sincèrement cette discussion avec nous, pensez-vous vraiment que la résolution onusienne 1701 et la distanciation du pays préservent le Liban?” D’après lui, “c’est uniquement l’équation armée-peuple-résistance qui a préservé le pays.”
Sur la présidentielle, “vous savez avec qui discuter”
Le chef du Hezbollah a invité les Libanais à revoir leurs positions politiques et à s’unir afin de faire face au danger. Il a dans ce contexte appelé à soutenir et renforcer l’armée libanaise et à préserver sa dignité. “L’État doit soutenir la troupe pour qu’elle puisse ramener les soldats pris en otage par les jihadistes à Ersal, a-t-il déclaré. Toute minute qui passe alors que les militaires sont toujours détenus est une humiliation pour le Liban”.
Hassan Nasrallah a en outre appelé à “coopérer avec la Syrie dans le dossier des réfugiés syriens et plus tard, que vous le vouliez ou pas, dans le dossier des frontières”.
Le numéro un du parti chiite a par ailleurs souligné l’importance de “soutenir le gouvernement, seule institution active, jusqu’à l’élection d’un nouveau président”. Dans ce contexte, il a estimé que pour sortir de l’impasse actuelle et mettre fin à la vacance à la tête de l’État, “vous savez quoi faire et avec qui discuter, arrêtez donc de perdre le temps”, dans une allusion implicite à son allié, le chef du CPL Michel Aoun.
Hassan Nasrallah a enfin assuré que “nous pouvons facilement remporter la victoire sur Daech et ceux qui le soutiennent”. “Ce courant n’aura pas un avenir dans la région à condition que les Irakiens, les Syriens, les Libanais et tous les Arabes s’unissent et assument leurs responsabilités.”
“Nous ne quitterons jamais cette terre même si elle est délaissée par tout le monde, ici nous vivrons et ici nous mourrons, a conclu le chef du Hezbollah. Nous sommes prêts à combattre pour la victoire et pour changer la voie dessinée pour la région”.